CHAPITRE XV

Occupation de Borleias, quarante-septième jour

La nuit était tombée depuis longtemps, mais l’ancien bâtiment de biotique ne dormait jamais. Tam sentait du mouvement dans les couloirs du bas et entendait de lointaines conversations et un grondement trahissant le décollage d’un escadron de chasseurs.

Autour de lui, tout était calme. A cette heure, le couloir, réservé au personnel autorisé, était vide.

Tam s’arrêta devant la porte du bureau de Danni Quee et hésita, le cœur battant.

Mais hésiter revenait à désobéir et une migraine commença à le torturer.

Jurant tout bas, il approcha de la paroi opposée à la porte et passa ses doigts sur la surface, près du plafond, jusqu’à trouver ce qu’il cherchait : une fine pellicule grasse, comme si quelqu’un avait pulvérisé de l’huile.

Ce n’était pas de l’huile, mais un organisme yuuzhan vong, un de leurs fichus appareils vivants. Sa texture ressemblait à celle du villip : souple et lisse. Tam la frotta jusqu’à ce qu’il sente la fine crevasse qui l’activait, sur laquelle il insista. Puis il essuya sa main sur sa chemise.

La section de mur changea de couleur. Elle parut s’épaissir et se transforma en image, représentant le clavier de sécurité de la porte de Danni et de l’écran attenant.

Comme dans un holo-enregistrement, une main fantomatique apparut et appuya sur les touches. Une main de femme, jeune, sans doute celle de Danni. Tam mémorisa la séquence, puis regarda l’écran, au-dessus.

La combinaison qui s’y affichait n’était pas la même. Ce qui voulait dire… quoi ? Soit Tam avait mal regardé, soit les informations données par l’écran étaient incorrectes.

Tam hocha la tête. Une mesure de sécurité. Un enregistrement non autorisé de l’écran donnait un mot de passe incorrect… La combinaison n’ouvrait pas la porte ou, pire, l’ouvrait en alertant un officier de l’intrusion. Seule la mémoire visuelle de Tam – une des raisons qui l’avait poussé à devenir holo-opérateur – lui avait permis de ne pas se tromper.

Il aurait préféré se faire coincer…

La migraine augmenta.

Tam effleura l’appareil yuuzhan vong et regarda l’image disparaître. Puis il tapa le mot de passe, le bon, sur le véritable clavier.

La porte s’ouvrit.

Tam se figea. Dans la pièce, à deux mètres de lui, Danni Quee était à son bureau. Immobile, la tête posée sur la table, les couleurs de l’écran jouant dans ses cheveux.

Danni ne bougeait pas.

Tam se força à entrer dans la pièce.

Eclairée seulement par le reflet de l’ordinateur et la minuscule lampe de bureau, elle était plongée dans une semi-obscurité. Tam fit le tour de la table pour se placer derrière Danni, prenant garde à ne rien toucher. En se déplaçant lentement, il compensait la maladresse congénitale qui l’avait fait trébucher à Coruscant, pendant sa fuite. Et qui était la cause de son esclavage.

Sur l’écran de Danni était affichée une forme géométrique – un objet à facettes ressemblant à une gemme. Un texte très technique l’accompagnait. Tam lut des mots comme « réfraction » et « augmentation de puissance ».

Il plissa les yeux. Il n’avait aucun problème de vue, mais le geste indiquait à la petite créature qui partageait une de ses orbites qu’il était temps de se réveiller et de commencer à enregistrer. L’intruse s’activa et l’estomac de Tam se retourna…

Il fit le tour du laboratoire, rivant son regard sur chaque écran et sur chaque page de carnet de databloc. Sur le bureau, près de Danni, il repéra des datacartes. En silence, il sortit son carnet électronique, les y inséra, copia leur contenu et les remit à leur place.

Son travail était terminé.

La migraine augmenta.

Non !

Il y avait autre chose. Ses ordres étaient de rassembler les informations… et d’aider les Yuuzhan Vong de toutes les manières qui ne provoqueraient pas sa capture ou la destruction de sa couverture.

Danni Quee était sans défense. Tam pouvait s’en rendre maître pendant son sommeil. Elle était l’ennemie des Yuuzhan Vong, et l’éliminer les aiderait sans aucun doute.

Il ne pouvait pas la kidnapper. Il ne réussirait pas à la sortir du bâtiment…

Non. Pour bien faire, il devait la tuer.

Et il le pouvait sans se faire soupçonner. Dans une de ses poches se trouvait une bulle de gelée contenant un scarabée tranchant. Il pouvait le libérer et le lancer sur Danni.

L’insecte la réduirait en lambeaux.

Puis il reviendrait à la navette pour recevoir ses félicitations.

Tam resta immobile. La douleur augmentait. Il se maudit. En pensant à un moyen d’aider les Yuuzhan Vong, il s’était obligé à le faire – ou à souffrir. Maintenant, Danni Quee devait mourir.

Il se tint debout derrière elle, toujours sans bouger. Inutile de se demander ce qui aurait pu arriver s’ils s’étaient rencontrés en des circonstances différentes… Tam était un homme maladroit et asocial, Danni une femme intelligente et superbe… Même s’ils avaient été tous les deux seuls sur une planète déserte, il ne se serait rien passé. Ils seraient devenus amis, c’est tout.

Amis.

Tam leva la main. Avec une douceur infinie, il l’approcha des cheveux de Danni, caressant une mèche blonde rougie par la lueur écarlate de l’écran. Puis il mit la main dans sa poche et y trouva le scarabée tranchant.

Mais il resta immobile. La douleur augmenta jusqu’à affecter sa respiration, soudain courte et haletante.

La douleur ne s’arrêterait pas.

Tam savait que Danni Quee méritait de vivre. Et que lui méritait de mourir.

Il se détourna. La douleur semblait déchiqueter son cerveau. Trébuchant, il dut poser une main sur le bureau pour éviter de s’écrouler.

Mais la souffrance ne le tuait pas. Il lutta contre elle, se releva et réussit à atteindre la porte.

Il dut s’appuyer un long moment contre la paroi avant de trouver la force de continuer. Puis il ouvrit la porte et partit.

Il avança d’un pas hésitant à cause de la douleur, et se répéta qu’il apportait les données demandées à son contrôleur. Il avait réussi sa mission.

Alors la douleur diminua.

Un peu.

 

Quand la porte se referma derrière Tam, Danni se releva.

Elle tapa sur une touche de son clavier. L’image affichée sur l’écran disparut, remplacée par celle de Tam vacillant dans le couloir.

Quand il fut assez loin, elle saisit son comlink.

— Il est parti, murmura-t-elle. Il a mémorisé, ou peut-être enregistré tout ce qu’il y avait sur les écrans.

Iella répondit. Elle ne chuchotait pas, mais le volume du comlink était réglé au minimum.

— A-t-il laissé quelque chose derrière lui ?

— Je ne sais pas. Je vais analyser les enregistrements. Fin de transmission.

— Bon travail, Danni. Fin de transmission.

Danni afficha le premier enregistrement effectué par les holocaméras disposées dans des endroits discrets de la pièce. Elle ignorait ce que Tam avait fait quand il était resté derrière elle, et espérait qu’il n’avait pas lâché des créatures yuuzhan vong dans le bureau.

Vaisseau-monde yuuzhan vong, orbite de Coruscant

Au centre de la salle de contrôle, Tsavong Lah était entouré d’analystes, de conseillers, de villips et de plusieurs rangées de gardes.

Le maître de guerre écoutait les rapports.

La plupart venaient de Maal Lah et de Viqi Shesh. Amusant, pensa Tsavong Lah. Certaines choses ne changeaient jamais. Naguère, Nom Anor et Vergere se tenaient à la même place, offrant leur avis, se critiquant parfois… Un guerrier yuuzhan vong et une femelle intelligente d’une espèce inférieure.

Aujourd’hui, Nom Anor et Vergere appelés à d’autres tâches, leurs rôles étaient tenus par d’autres.

— Il s’agit d’une superarme, dit Maal Lah, utilisant le mot basique au lieu du terme yuuzhan vong. Les humains aiment construire des armes capables de détruire des planètes entières… Celle-ci en est une nouvelle.

— Danni Quee doit en être l’inventrice, dit Viqi. C’est la seule infidèle capable d’intégrer la technologie yuuzhan vong et celle de la Nouvelle République. Cet idiot de Tam Elgrin dégustera pour ne l’avoir pas tuée…

Tsavong Lah leva une main et Viqi ravala ses insultes.

— Je viens d’entendre une hérésie, déclara-t-il. D’abord, les réalisations des Yuuzhan Vong ne sont pas de la technologie. Vous ne devez jamais les nommer ainsi.

Viqi courba la tête, apparemment frappée par ses paroles. Tsavong Lah la soupçonnait de jouer la comédie.

— Je suis navrée, maître de guerre. Je n’ai pas trouvé de mot permettant de décrire les deux disciplines.

— Peut-être en découvrirez-vous un pendant votre châtiment. Deuxièmement, nos œuvres ne peuvent pas être intégrées à la technologie infidèle. Les dieux ne le permettraient pas.

Viqi et Maal Lah échangèrent un regard.

Ce fut Maal qui osa contredire son maître.

— Ce n’est pas entièrement vrai. Un tel acte a déjà été accompli. Nous savons qu’Anakin Solo a reconstruit son sabre laser avec un cristal vivant… et il semble qu’il ait transmis cette technique à d’autres Jedi avant sa mort. Or l’invention de Danni Quee utilise le même cristal…

— Continue.

Maal Lah fit un geste à Viqi qui se retourna pour activer les créatures enregistreuses posées sur la table derrière elle. Les organismes étincelèrent pour montrer les images filmées par Tam Elgrin.

— Ici, dit Maal Lah. Notre cristal… Enfin, un diagramme le représentant. Selon les informations obtenues par l’agent de Viqi, le cristal a été artificiellement agrandi dans un laboratoire situé dans les profondeurs de leur complexe. Selon les autres renseignements, les infidèles ont d’abord essayé de générer les cristaux sur leurs vaisseaux, mais ils croissent seulement dans la gravité réelle ou dans celle générée par un basal dovin… La pesanteur technologique des infidèles les détruit.

— Leurs Jeedai auront plus de sabres lasers ? Nous ne le permettrons pas…

— La situation est bien pire, maître de guerre. Le diagramme que vous voyez représente un cristal vivant de la taille d’un de nos guerriers.

— Aussi grand que… Quelle obscénité peuvent-ils produire avec…

Alors Tsavong Lah comprit ce que les infidèles fabriquaient. Il se leva, tremblant de colère.

— Apportez-moi le villip de mon père, déclara-t-il.

Un instant plus tard, il eut devant les yeux la reconstitution un peu vague, mais reconnaissable, du visage de Czulkang Lah.

Tsavong Lah bâcla les salutations d’usage pour en venir au fait.

— Je sais maintenant en quoi consiste le projet Lanceur d’Etoiles. Il s’agit d’une superarme, maudite soit-elle ! La lumière cohérente projetée par les trois vaisseaux sera concentrée par un cristal vivant géant fabriqué dans les profondeurs de leur repaire. Grâce à cela, le rayon produit aura assez d’énergie pour détruire un vaisseau-monde. L’attaque précédente était un test, sans doute pour se familiariser avec leur cible.

— Intéressant, dit son père.

— Nous ne devons pas leur laisser le temps de perfectionner leur machine. Je vous ordonne de lancer un assaut général sur leur installation et de l’anéantir. Immédiatement.

Czulkang Lah resta silencieux un long moment. Le villip se figea tant que Tsavong Lah se demanda s’il n’avait pas cessé de fonctionner.

Puis son père reprit enfin la parole.

— Ce serait une erreur stratégique, dit-il. Nous n’avons pas encore évalué les ressources de l’ennemi. Nous ne connaissons pas les surprises qu’il nous prépare. Au mieux, nos pertes seront trop élevées… Au pire, avec une attaque prématurée, nous pourrions sacrifier sans raison un grand nombre de guerriers… et échouer. Il est trop tôt, mon fils.

— Je confirme mon ordre.

L’expression de son père changea. Tsavong Lah savait ce que ce regard signifiait. « J’attendais mieux de vous… » Celui que son père avait quand un étudiant échouait pour la dernière fois.

Tsavong Lah ne l’avait jamais vu dirigé contre lui, et il fit un pas en arrière.

Mais Czulkang Lah ne dit rien. Il ne prononça aucun mot susceptible d’humilier son fils et répondit simplement :

— Ce sera fait.

— Puissent les dieux soutenir ton action, conclut Tsavong Lah.

Il fit un geste à un officier. Puis il frotta le villip, qui reprit sa forme initiale.

Le maître de guerre resta un moment immobile, la respiration difficile. La désapprobation de son père, si implacable, l’avait frappé comme un coup de poignard.

Quand il se contrôla de nouveau, il s’adressa à Maal Lah.

— Lancez la directive suivante. Quand Borleias tombera entre nos mains, le monde ne sera plus le foyer des Kraal. Il sera offert aux prêtres de Yun-Yammka et deviendra un sanctuaire pour leur ordre, pour remercier le dieu de ce qu’il nous a offert.

Maal Lah inclina la tête.

— Ce sera fait.

Voilà, pensa le maître de guerre, qui devrait rendre furieux les prêtres de Yun-Yuuzhan… Et si vraiment ils conspirent contre moi, avec la complicité des modeleurs, je le saurai vite. (Il jeta un coup d’œil à son bras gauche.) Je le sentirai vite.

Occupation de Borleias, quarante-huitième jour

— … présente toutes les caractéristiques d’une attaque majeure, disait Tycho.

Wedge, Iella et lui étudiaient la simulation holographique qui compilait tous les rapports des capteurs au sol, y compris ceux des détecteurs gravifiques installés par les Jedi de Luke et des enregistrements effectués par les chasseurs en patrouille.

Au centre de l’image figurait un signal allié simplement estampillé : « base ». A une centaine de kilomètres dans toutes les directions, des multitudes de petits points rouges brillaient. Iella compta seize groupes différents.

— Que font-ils ? demanda-t-elle.

— Un des groupes débarque des soldats, des véhicules et tout le matériel nécessaire à une invasion, expliqua Wedge. Les autres sont là pour faire diversion. Nous sommes censés disperser notre attention pour découvrir où est la véritable zone d’atterrissage, et ils espèrent nous rendre nerveux si nous n’y parvenons pas.

— « Nous sommes censés », répéta Iella. Ce qui veut dire que nous n’allons pas agir ainsi ?

Wedge secoua la tête.

— Nous allons envoyer quelques vaisseaux espions au-dessus de leurs sites, avec l’ordre de se montrer, de rester à l’écoute et de fuir en cas d’attaque. Nous ne voulons pas perdre de bons pilotes pour acquérir des informations dont nous n’avons pas vraiment besoin…

— Donc tu te moques de savoir quelle est leur zone d’atterrissage ?

— Elle n’a pas d’importance…

— Pourquoi ?

— Parce que dans un jour ou deux, les Vong viendront nous attaquer ici, dans ce bâtiment… C’est exactement ce que nous voulons.

— Et quand ils le feront, déclara Iella, qui trouveront-ils ici ? L’Alliance ou la Nouvelle République ?

Wedge et Tycho échangèrent un regard et sourirent.

— Aucune des deux, dit enfin Wedge. Ils rencontreront un nouvel ennemi. Ils vont faire la connaissance de l’Empire…

— Et ils n’apprécieront pas, conclut Tycho.

Alors ils parlèrent à Iella de l’opération « le marteau de l’empereur ».

Occupation de Borleias, quarante-huitième jour

Le Faucon Millenium arriva au milieu de la nuit, sans fanfare, avec quelques techniciens comme comité d’accueil. Leia vit Yan sourire de l’absence de cérémonie.

Yan emmena Tare à la recherche d’un endroit où dormir… Les chambres où avaient séjourné les jeunes Jedi avaient été attribuées à d’autres. Malgré l’affection qu’il avait pour le garçon, Yan ne le voulait pas dans la sienne.

Leia se mit en quête de sa fille.

L’aile X de Jaina était dans la baie des opérations spéciales et une équipe de mécaniciens travaillait dessus. Jaina n’était pas là. Ni dans l’ancienne salle d’incubateurs qui servait de cafétéria aux pilotes des escadrons spéciaux.

Même si elle en mourait d’envie, Leia ne voulait pas appeler Jaina. Pour ne pas donner l’impression qu’elle la surveillait.

Ses recherches ayant échoué, elle retourna dans ses appartements.

Elle y découvrit Jaina… étendue sur le lit.

La jeune femme était endormie, et sa mère l’observa un moment.

Jaina dirigeait un des escadrons les plus meurtriers de la Nouvelle République. Elle avait abattu des dizaines de pilotes ennemis… Pourtant, à cet instant, avec ses traits détendus, elle ressemblait à une petite fille.

Ce n’était plus une petite fille, mais une jeune femme. Son enfance avait disparu pour toujours…

Nous devrions être loin de tout ça, pensa Leia. Yan, Jaina, Jacen, Anakin et moi. Luke, Mara et le petit Ben. Dans un champ de fleurs, sur Alderaan…

Doucement, pour ne pas réveiller Jaina, Leia s’allongea sur le lit et posa une main sur l’épaule de sa fille. Une tendresse qu’elle ne pouvait plus se permettre quand Jaina était réveillée.

Bientôt, elle sentit la respiration de sa fille changer.

Jaina ouvrit les yeux, vit Leia et sourit.

— Désolée… Je ne voulais pas te réveiller.

— Pas de problème. (Jaina se pelotonna contre sa mère.) Je suis venue deux ou trois fois ici depuis votre départ. Pour sentir votre présence. Dans cette chambre, je savais que vous seriez là, près de moi.

Leia réussit à dissimuler sa surprise. Ces paroles ressemblaient si peu à Jaina… A la personne qu’elle était devenue ces dernières années…

— Tout va bien ?

— Non, dit Jaina. (Elle posa sa tête sur l’oreiller.) Je ne suis plus sûre de savoir qui je suis.

— A cause de cette histoire de déesse ?

— Non… à ce sujet, tout est clair. Je n’éprouve aucune confusion. Il s’agit d’un jeu de rôles… Le problème, c’est être une Jedi. Les règles sont si claires. Ce qu’on doit penser, qui on doit être, ce qu’il faut dire… et puis, il y a moi. Le reste de moi, où rien n’est simple…

— Jaina, les mêmes questions me torturent depuis des années… et je n’ai toujours pas trouvé la réponse. Parfois, je suis une Jedi… et parfois non. L’enseignement Jedi déclare qu’il faut ignorer la peur. Mais en tant que politicienne, je dois l’écouter. La mienne, celle de mes alliés et de mes adversaires… Si je ne sens pas leur peur, ou si je n’en tiens pas compte, il me sera impossible de prédire leurs réactions. Parfois, se conduire en Jedi empêche d’atteindre certains objectifs… La méthodologie est si différente…

Leia caressa les cheveux de sa fille, souhaitant que ses tourments cessent.

— Il y a autre chose, ajouta Jaina. Que j’ai mis un certain temps à comprendre… Je… Je suis terrifiée.

— C’est normal. Nous vivons des moments effrayants. La terreur te gardera vivante.

Jaina secoua la tête.

— Je n’ai pas peur de mourir. J’ai peur de survivre… De découvrir, à la fin de la guerre, que je suis seule. Que tous ceux à qui je tenais sont morts.

— Jaina, ça n’arrivera pas…

— C’est déjà arrivé. Une part de moi a sombré quand Anakin est mort… Mais la disparition de Jacen est pire encore. Dans tous mes souvenirs, depuis ma plus tendre enfance… je n’avais qu’à tourner la tête et mon frère était là. Sur une planète, au bout de la galaxie, quand nous étions perdus dans les sous-sols de Coruscant, ou que nous errions dans des parties inexplorées de Yavin 4… Avec lui, je ne m’ennuyais jamais, je n’avais jamais peur et je n’étais jamais seule… En le perdant, j’ai été coupée en deux. La moitié de moi a disparu.

— Jacen n’est pas mort, souffla Leia. Je sais qu’il est en danger… Mais il est vivant. Je l’aurais senti partir. Je l’ai senti pour Anakin.

Jaina ne fut pas convaincue, mais elle choisit de ne pas le montrer.

— Je pense souvent à préparer l’avenir. Et récemment, ces réflexions sont devenues plus fréquentes. Mais comment me le permettre ? Je ne peux pas construire un foyer sur un monde qui aura disparu demain, faire carrière dans une structure qui sera peut-être anéantie dans une semaine, ou passer du temps avec des gens que les Vong peuvent m’arracher d’une minute à l’autre…

— Je sais. J’ai ressenti la même chose pendant la rébellion… quand Palpatine semblait être une force insurmontable. Nous passions notre temps à fuir ; ton père, cet homme séduisant, paraissait toujours sur le point de nous quitter. Et tu sais ce que j’ai appris ?

— Non.

— Dans des périodes pareilles, on construit son avenir en créant des liens. Ceux qui nous entourent ne survivront pas tous. Mais ceux qui seront encore là après la guerre feront partie de ta vie pour toujours. Que tu aies faim ou soif, que tu sois blessée ou en danger, ils seront là et te soutiendront. Et tu feras de même pour eux. Ton avenir, le voilà. On m’a arraché des planètes entières… Mon avenir, jamais.

Jaina resta un moment silencieuse et pensive. Enfin, elle se tourna et regarda Leia dans les yeux.

— Je suis heureuse que tu sois revenue ce soir. Je voulais te dire… que je comprends enfin.

— Tu comprends… quoi ?

— J’ai vu Mara il y a quelques jours et ce que j’ai senti m’a bouleversée. Il m’a fallu un long moment, et l’embuscade où Jag a failli mourir, pour faire le tri. J’ai compris comment c’était quand tu nous envoyais ailleurs, Anakin, Jacen et moi… Lorsque nous étions petits. Quand tu nous éloignais, même en étant sur Coruscant. Bon, je ne suis pas stupide. J’ai toujours compris les raisons, bien sûr. Tes responsabilités. (Jaina contempla un moment le plafond.) Mais je n’avais jamais mesuré à quel point tu avais dû souffrir.

— Oh, ma chérie… Bien sûr que j’ai souffert. J’ai essayé de t’expliquer… mais il n’y a pas de mots pour décrire ce sentiment…

— Je sais. (Jaina s’assit.) Je dois partir. J’ai des rapports à remplir. Des trucs de déesse à faire. (Elle enlaça Leia et la serra très fort.) Je t’aime, maman.

— Je t’aime, Jaina.

Occupation de Borleias, quarante-neuvième jour

Aux commandes de l’aile X de Luke, Wedge décrivit une courbe qui l’emmena en orbite basse autour de la planète. Sous son appareil s’étendait la jungle de Borleias. Il remonta brusquement vers le ciel, la force de la gravité l’enfonçant dans le fauteuil de pilotage.

Puis il sourit.

— Ça fait du bien de se balader, même quand on n’est pas en mission, hein, R2 ?

R2-D2 répondit par quelques petits bruits peu enthousiastes.

— Ne t’inquiète pas, dit Wedge. Luke s’en tirera. S’il y a un gars qui sait se sortir des situations difficiles, c’est bien lui.

L’astromec sifflota de nouveau, avec plus de conviction cette fois.

Puis une voix retentit dans le cockpit.

— Général, une urgence…

— J’écoute.

— Mouvements suspects détectés par les capteurs. Dans la jungle, près de la zone de sécurité. Depuis environ une demi-heure.

— Votre avis ?

— Ils attaquent. Dans toutes les directions.

— Ce n’est pas trop tôt. Dites à l’équipe de Luke de se préparer. Les gars profiteront de la confusion créée par le combat pour partir. J’arrive.

Le chasseur de Wedge plongea vers le complexe de biotique.

 

— Es-tu certain ? demanda Luke à Lando.

— Certain. De temps en temps, je dois rappeler au public que je suis un excellent pilote. Avec des gens comme toi, Yan et sa fille, mes fans ont tendance à m’oublier…

Ils bavardaient debout dans la zone de sécurité, devant le Temps Record, le transporteur de troupe qui avait participé à la bataille contre la première vague d’invasion.

Sept semaines plus tôt, c’était un cargo sans histoire qui s’approchait lentement de la retraite. La bataille de Borleias l’avait salement amoché. Après des semaines de réparationquand les mécaniciens de la garnison avaient le temps de travailler dessus – la coque ressemblait à un patchwork métallique. Des soudures irrégulières et de grandes barres de métal renforçaient les points faibles.

Bref, le Temps Record était une épave prête à céder au moindre choc.

— Ne me mens pas, protesta Luke. Pas à moi, Lando. Tu es un des deux pilotes qui ont fait exploser la seconde Etoile Noire. Tu n’as rien à prouver.

Lando haussa les épaules, puis lissa sa tunique. Le tissu rouille était d’une finesse et d’un confort extrêmes, la coupe impeccable… Ce vêtement avait coûté à Lando plus que ce qu’il gagnait en un an… les mauvaises années. Et la teinte allait à ravir avec la cape couleur crème négligemment jetée sur ses épaules.

Lando voulait être bien habillé pour ses funérailles, ou pour son retour triomphant sur Borleias.

— D’accord, Luke. Tu as raison. Ce n’est pas l’exploit qui m’attire… c’est pour la beauté du geste. (Il soupira.) Les gens pensent que je ne m’intéresse qu’au fric. Et c’est vrai, j’aime l’argent. Tellement, qu’il m’arriverait même parfois de travailler honnêtement pour en gagner… Mais le profit est secondaire. Ce qui me plaît, c’est la manière. Mettons que tu fais face à quelqu’un qui est sûr de t’embobiner… Grâce à ton talent et à ton expérience, le soir, c’est toi qui as tout en poche, et lui n’a rien vu. Au point qu’il est persuadé d’avoir gagné, et qu’il serait prêt à te donner un pourboire pour te consoler. Tu vois, Luke… L’exploit !

Lando désigna le vaisseau. Un morceau de métal choisit ce moment pour se décrocher et tomber, roulant tristement sur le tarmac.

— Aujourd’hui, nous allons faire un coup superbe. Les Yuuzhan Vong anéantiront ce tas de ferraille et penseront qu’ils nous ont tués avec. Sauf que nous les aurons manipulés… comme dans toute bonne escroquerie. Pendant quelques instants, ils seront nos esclaves – ce qui les tuerait s’ils savaient – et ils ne comprendront jamais à quel point nous nous sommes joués d’eux. Le bonheur. Cette sensation-là, Luke, est plus précieuse que tout l’argent du monde…

— Si tu le dis.

Luke jeta un coup d’œil au morceau de métal, repérant son origine pour prévenir les mécaniciens avant le départ.

— Qui est ton copilote ?

— Pas de copilote. Je n’emmène que mon officier tactique… YVH 11-A.

Luke fronça les sourcils.

— Un de tes droïds de combat ?

— Oui.

— Tu utiliseras cette mission pour tester un droïd…

— Exact.

— Mauvaise idée.

Lando haussa de nouveau les épaules.

— C’est moi qui commande… Wedge m’a donné son accord.

— Parfois je pense que tu es plus fou que Yan. (Luke jeta un coup d’œil à son chrono.) Je ferais mieux de rejoindre mon équipe. Quelques préparatifs de dernière minute…

— Je vous attends.

Lando regarda Luke s’éloigner.

Tester son droïd était bien la dernière chose qu’il avait en tête.

Pas sûr de sortir vivant de l’opération, il préférait n’entraîner personne dans la mort avec lui.

Lando secoua la tête. Non. Il ne fallait pas penser ainsi, ça portait malheur. Pourtant il avait menti à Luke sur ses motivations.

Il sourit. Luke n’était plus le jeune homme naïf de leur première rencontre. Un type bien plus difficile à manipuler, maintenant.

Ce qui rendait la chose encore plus amusante…

Lando monta la rampe qu’il avait descendue avec ses droïds plus de quarante jours auparavant. Des étincelles grésillaient là où les mécaniciens finissaient leur travail. Il recula d’un pas : rien ne devait venir abîmer sa tunique.

A l’intérieur du cargo, la baie avait été séparée en deux parties. Le premier tiers contenait une aile B, démodée mais en état de marche… au moins, on le lui avait promis.

La partie arrière était pleine de rochers, suspendus à des câbles. A première vue du moins. En approchant, un observateur aurait constaté qu’il ne s’agissait pas de pierres, mais de morceaux de coraux-skippers… de coraux-skippers morts, vidés par des équipes de volontaires. Ce n’étaient plus que des coquilles vides, capables de contenir un ou deux membres de l’équipe de Luke. D’autres débris étaient aussi entassés là… des morceaux de vaisseaux et des fragments de permabéton. Une pression sur une touche, sur le tableau de bord de Lando ou dans l’unité com de Luke suffirait à couper les câbles, et l’arrêt du compensateur d’inertie installé dans la paroi enverrait les vaisseaux, les débris et les coquilles dans l’espace.

Lando jeta un coup d’œil aux techniciens qui finissaient d’installer la cloison. Pourvu qu’ils fassent bien leur travail. Lando n’avait aucune envie que les débris viennent percuter son aile B.

Il connaissait mal ce type de chasseur, mais il espérait que le petit vaisseau serait capable de les sortir de là au moment voulu, son droïd et lui… S’il avait le temps de l’atteindre. Sinon, il sauterait dans une nacelle de sauvetage. Les Yuuzhan Vong le repéreraient, le tortureraient et le réduiraient en esclave.

Non, décida-t-il soudain. Pas de nacelle. S’il n’arrivait pas à atteindre le chasseur à temps, il s’écraserait sur Coruscant avec le Temps Record.

Il partirait avec classe.

Dans sa plus belle tunique.

 

Lando était sur le pont quand l’équipe de Luke entra dans le vaisseau. Mara et Tahiri accompagnaient le Jedi. Il y avait aussi quelques Spectres que Lando connaissait à peine : un chauve, un grand, un Devaronien, un homme maigre et barbu, une femme qui n’avait pas l’air portée sur la rigolade…

… Et Danni Quee.

J’aurais dû m’y attendre, pensa Lando.

Et savoir que la jeune femme ne laisserait pas échapper l’occasion d’en apprendre plus sur les Yuuzhan Vong.

R2-D2 attendait en bas de la rampe. Lando savait qu’il restait en arrière. Le droïd n’était pas assez mobile pour se déplacer sur un terrain difficile, et s’il était capturé, il serait aussitôt la cible de la colère des Yuuzhan Vong.

R2-D2 recula un peu, comme pour regarder Luke une dernière fois. Le Maître Jedi s’arrêta en haut de la rampe, dans le champ de l’holocaméra du droïd, et lui fit un geste d’adieu.

— Triste, non ? demanda Lando.

YVH 11-A, tourna la tête pour enregistrer la scène.

— Triste, répondit-il sans inflexion particulière.

— Prêt à faire face au danger ?

— Je suis prêt, dit le droïd. Bien sûr que oui ! J’ai été programmé pour ça. Toujours prêt ! Le péril ne me fait pas peur.

Fronçant les sourcils, Lando jeta un coup d’œil à son droïd. Avait-il attrapé les tics de communication de C-3PO ? Impossible. YVH 11-A n’avait pas les modules linguistiques nécessaires pour évoluer de lui-même.

Lando haussa les épaules. Aucune importance. Il verrait ça quand il serait rentré.

Il activa son unité com.

— Contrôle de Borleias, ici le Temps Record. Prêt à décoller…

— Nous vous donnerons le signal. L’assaut est attendu dans une demi-heure.

— Quelles sont les chances que ce vaisseau lâche avant que j’atteigne l’atmosphère ?

— Euh… pas supérieures à une sur cent, monsieur.

— Je parie mille crédits que je survis jusqu’en orbite.

— Je relève le défi, monsieur. Il n’y a pas de petit profit.

— Comment récupérerez-vous vos sous en cas de victoire ?

Un long silence suivit.

Lando fit un grand sourire à son droïd, qui le regarda sans réagir.

 

L’alarme résonna dans les couloirs du complexe de biotique, dans les baies de lancements et au-dessus de la zone de sécurité. Les pilotes coururent vers leurs vaisseaux. Les contrôleurs de missions filèrent à leurs postes d’observations pour coordonner leurs unités.

Jaina, qui fonçait vers son chasseur, fut interceptée par un jeune homme de grande taille. Il semblait prêt à s’écrouler. Le type n’était pas laid, mais il paraissait maladroit et ses yeux étaient injectés de sang… Plus que ceux de Yan ou de Lando après une nuit de beuverie.

— Vous avez besoin d’aide ? demanda Jaina.

L’homme secoua la tête.

— Je vais mourir, dit-il avec un certain regret.

— Alors vous avez besoin d’aide.

Jaina prit son comlink. Autour d’elle, les pilotes et les techniciens se hâtaient vers la zone de sécurité.

— Je suis un espion yuuzhan vong, dit l’homme, et je vais mourir. Maintenant, je suis censé vous kidnapper. J’ai le matériel dans ma poche. Ma mission est de vous faire perdre conscience, puis de vous porter à la lisière de la jungle. Mais je ne vais pas le faire.

— Très aimable à vous, dit Jaina en activant son unité com. Leader Soleils Jumeaux à contrôle… Je suis à l’entrée de la baie des opérations spéciales, et j’ai devant moi un civil, mâle, qui semble souffrir d’une certaine… désorientation. Il a besoin d’aide médicale immédiate.

— Entendu, Leader Soleils Jumeaux.

— J’ai gagné, souffla l’homme, avec un sourire étrange. (Du sang coulait maintenant de son nez, sur ses lèvres, sur le sol.) Rien ne m’oblige à leur obéir. Ils ne peuvent que me tuer.

— Bien sûr, bien sûr, dit Jaina en faisant un pas en avant.

Quel que soit l’état de l’inconnu, elle devait rejoindre son vaisseau.

— J’ai enlevé l’insecte espion de votre chasseur, dit-il tandis qu’elle s’éloignait. Alors ne vous inquiétez pas…

— Je n’en ai pas l’intention ! cria Jaina avant de se mettre à courir.

 

Tam la regarda partir.

Elle ne le croyait pas. Normal. Tant de réfugiés arrivaient de Coruscant en état de choc.

Même cette pensée était une souffrance. La douleur l’empêchait presque de réfléchir.

Mais il fallait que des gens le croient, pour qu’il finisse de se racheter.

Des infirmiers arrivaient. Tam ne réussirait pas à faire des aveux complets avant que la douleur le tue. Mais les aveux étaient inutiles. Il mit une main dans sa poche et en sortit le récipient en gelée contenant le matériel yuuzhan vong. Dans l’autre main, il tenait une datacarte sur laquelle il avait écrit : « A lire après ma mort ».

Soudain, il s’avisa que ses yeux fixaient le ciel. Il ne s’était pas senti tomber…

Il posa le sac de gelée et la carte sur sa poitrine, où les infirmiers ne pourraient pas le manquer.

Le ciel se remplit de visages – des hommes et des femmes prononçant des paroles incompréhensibles. Il leur sourit, pour les rassurer. Après tout, peut-être réussiraient-ils à le sauver. Mais s’ils n’y arrivaient pas, il fallait qu’ils sachent que ce n’était pas grave et qu’il ne leur en voulait pas.

Il tentait de prononcer un mot quand il sombra dans l’inconscience.

 

Jaina entra dans son cockpit et commença la vérification des systèmes. La rencontre avec le fou l’avait mise mal à l’aise.

Elle se tourna vers son astromec. Le droïd était un modèle R2 gris et blanc, orné de lignes bordeaux.

— Hé, dit Jaina en lui jetant un rapide coup d’œil. Salut, toi. Je m’avise que je ne t’ai jamais demandé ton nom.

Une ligne de texte apparut sur l’écran de son tableau de bord.

— Je n’ai pas de nom. Mon matricule est R2-B3.

— Pas de nom ? Quelle horreur. Tu ne peux pas devenir célèbre sans un nom. Tu en veux un ?

— Ce serait bien.

— Que dirais-tu de Cappie ? En l’honneur d’un ami à moi, un pilote nommé Capstan.

— Cappie sera mon nom.

— Très bien, Cappie, dis-moi où en sont les moteurs…

Jaina passa chaque système en revue avec sa rapidité habituelle. Mais pour la première fois, elle n’essaya pas de battre Jag. Elle savait qu’il aurait terminé avant elle, inutile de regarder…

Pourtant, ses vérifications terminées, elle lui jeta un coup d’œil. Il était affalé sur son fauteuil de pilote, se relaxant avant le décollage. Elle lui sourit et leva le pouce.

Il retira son casque et lui rendit son sourire. Un demi-sourire, bref mais encourageant, rien que pour elle. Puis il remit son casque et redevint un pilote anonyme.

Le cœur de Jaina battit plus fort.

N’oublie pas, se dit-elle. Il a peut-être été élevé chez les Chiss, mais il reste un Corellien pure race…

 

A quelques mètres de là, Kyp avait suivi la scène. Il détourna le regard et se concentra sur son tableau de bord.

Depuis Hapès, Jaina avait toujours tenu Jag à distance.

Elle tenait tout le monde à distance.

Aujourd’hui, Jag Fel avait réussi à lui faire baisser sa garde.

Et toi ? se demanda Kyp. Que vas-tu faire maintenant ? Attendre que Jaina se lasse et la consoler quand elle aura besoin d’un ami ?

Il aurait aimé détester Jag. Les choses auraient été plus faciles.

Peut-être que tu devrais réfléchir à ce que Jaina représente pour toi avant de prendre des décisions…

Kyp fit la grimace. La voix de l’honnêteté était toujours désagréable.

Car il savait qu’il n’était pas amoureux de Jaina Solo. Il aimait être avec elle, voilà tout.

Jaina était intelligente, courageuse et belle. Puissante dans la Force. Essentielle pour la Nouvelle République. Et il pouvait la rendre heureuse.

Pourquoi le désirait-il ? Sans doute parce que lui-même n’était pas heureux, et qu’il comprenait le chagrin de Jaina quand ils se liaient dans la Force… Même quand elle croyait tenir tous les êtres à distance.

Sauf qu’il s’intéressait à Jaina avant qu’elle ait perdu ses frères.

Alors ?

Peut-être était-ce pour Solo. Kyp lui devait tant. Yan l’avait aidé à sortir des abîmes où il avait plongé. Et sans lui, il serait sans doute déjà mort.

Rendre Jaina heureuse, c’était faire plaisir à Yan. Aussi simple que ça.

D’une certaine manière, Kyp avait déjà payé sa dette. Il avait aidé Jaina à échapper au Côté Obscur, et il serait là chaque fois qu’elle aurait besoin de lui.

— Soleils Jumeaux Deux… (C’était la voix de Jaina, amusée.) Votre statut, s’il vous plaît, mon cher ? Tous les autres sont prêts à partir.

— Oh, euh… (Kyp vérifia rapidement les données, sur son écran. Il avait terminé ses tests sans même s’en apercevoir.) Prêt à décoller. Navré, Votre Grandeur.

— Décollage dans dix… neuf… huit…

Kyp ne put s’empêcher de sourire. Parfois, il faisait un piètre Maître Jedi.

Derrière les lignes ennemies 1 - Le rêve rebelle
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